Réalisé par Volo
Depuis des temps immémoriaux, les chevaliers d'Athéna parcourent le monde pour répandre le message de la déesse aux quatre vents. Infatigables voyageurs, les braves guerriers reviennent toujours chargés de récits pleins de sagesse provenant des contrées lointaines qu'ils ont pu visiter... Après bien des siècles d'aventures et de pérégrinations, le clan a ainsi pu accumuler un savoir précieux qui dort au plus profond de la bibliothèque du Parthénon. Hélas, les récits des plus anciens chevaliers ont fini par prendre la poussière et se perdre dans des recoins insoupçonnés des archives. Il est ainsi de véritables légendes qui sont tombées dans l'oubli, perdues sous des piles entières de manuscrits ou rongées par les moisissures.
Il est une légende qui dit qu'un jour, s'apercevant de cela, un ancien oracle du nom d'Alaundos partit pour l'Egypte afin de visiter la légendaire bibliothèque d'Alexandrie. Lorsqu'il accosta au pied de l'immense phare de la cité, le sage s'étonna de l'effervescence qui régnait sur les quais : de nombreux habitants embarquaient femmes et enfants sur leurs frêles navires car la ville était assiégée. Il parcourut rapidement les différents quartiers d'Alexandrie et trouva sans difficulté l'immense bibliothèque gardée par une armée entière de soldats égyptiens.
-Qui va là ? Demanda le chef des guerriers, un peu effrayé par le masque sans expression et l'accoutrement de l'oracle.
-Je suis Alaundos et je dois me rendre en votre bibliothèque pour découvrir la façon dont vous conservez le savoir de votre peuple.
-Ha ! Ne vois-tu donc pas que nous sommes assiégés par les barbares ? Bientôt il ne restera rien de tout ceci et ta seule préoccupation est de consulter nos livres ! S'écria le guerrier.
L'oracle réfléchit un moment avant de répondre.
-Si je sauve ta ville, me diras-tu les secrets que renferment ta bibliothèque ?
-Tu es fou étranger ! Si tu sauves ma ville, je veux bien te couvrir d'or et te donner toutes mes femmes !
Derrière son masque, Alaundos ne put réprimer un petit sourire.
-De tes femmes, je n'ai pas besoin ! Emmène moi tout en haut de cette tour, que je puisse contempler les armées qui t'assaillent !
Le regard du grand sage fut alors si convainquant que le général l'accompagna jusqu'au sommet du phare d'Alexandrie. De là haut, Alaundos étendit les bras vers les hordes de barbares qui se pressaient aux portes de la cité. Combien étaient-ils ? Des milliers, des dizaines de milliers d'après la légende. Une véritable fourmilière était amassée devant Alexandrie et ces hommes en armes venus de loin s'agitaient autant que des insectes ; les portes ne tiendraient pas longtemps.
Soudain, Alaundos fit appel à ses terribles pouvoirs d'oracle et les généraux ennemis oublièrent les raisons de leur venue en ces lieux. Les barbares arrêtèrent le combat et se souvinrent brusquement de leur famille qui les attendait chez eux depuis trop longtemps. Leur fougue avait disparu et il s'en allèrent en marchant, laissant là leur campement et leurs armes. Athéna aux yeux pers s'étaient emparée de leur esprit, calmant leurs ardeurs guerrières de sa divine puissance.
-Quel grand prodige ! Balbutia le chef des armées d'Alexandrie.
Alaundos fut amené devant le Roi qui lui proposa de l'or et des femmes à ne plus savoir qu'en faire. Mais l'oracle refusa simplement et demanda à visiter la bibliothèque. Alors le souverain lui ouvrit les portes des archives d'Alexandrie. La journée entière fut nécessaire pour parcourir tous les rayonnages de la bibliothèque et il aurait fallu plus de cent vies pour pouvoir lire la moitié des ouvrages entreposés là sur des dizaines de niveaux.
-ô grand Roi d'Alexandrie ; comment peux-tu trouver ce que tu cherches dans un tel imbroglio de connaissances ? Demanda l'oracle émerveillé.
Le souverain lui montra alors un groupe de femmes d'une grande beauté qui rangeaient des manuscrit selon un ordre précis connu d'elles seules.
-Ce sont les archivistes... répondit-il simplement.
Alaundos put constater que ces femmes, vouées entièrement à la gestion de la bibliothèque, savaient précisément où trouver le moindre ouvrage qu'on leur demandait et cela relevait du miracle au vu du nombre de livres entreposés en ces lieux étranges.
Au moment de repartir sur son navire, le grand oracle eut la visite d'un eunuque accompagné d'une jolie petite fille.
-Le roi m'a chargé de vous en faire cadeau. C'est une orpheline comme toutes les autres ; elle parle couramment 9 langues et peut déchiffrer à peu près tous les dialectes connus à condition d'y mettre le temps. Elle est vierge et docile, vous pouvez l'emmener avec vous en gage de notre gratitude.
L'oracle hésita un moment à emmener cette esclave mais il vit que c'était ce qu'il devait faire. Alors il se pencha vers elle et lui parla doucement en ces termes :
-Bonjour petite. Tu seras désormais au service d'Athéna ; je veillerai à ce que tu aies un toit et de la nourriture. Tu auras beaucoup de travail mais nous te révèlerons aussi des secrets que tu n'imagines même pas...
La petite fille fut installée dans des appartements parmi les plus somptueux du sanctuaire et elle travailla toute sa vie à la bibliothèque du temple des Oracles. Un jour, elle donna naissance à une fille qui donna elle-même naissance à une fille et ainsi de suite durant plusieurs génération jusqu'a la naissance d'Eléa, l'archiviste actuelle du sanctuaire.
Tout comme ses ancêtres, la jeune fille au teint hâlé n'a jamais quitté le sanctuaire où elle consacre l'essentiel de ses journées à diverses recherches et traductions de grimoires anciens. Elle sait d'instinct où se trouve le moindre morceau de parchemin des archives du clan et elle en connait presque autant que les oracles au sujet de l'histoire de la chevalerie. Nul ne connait l'origine de ses dons mais d'aucuns pensent qu'elle puise son incroyable mémoire dans la cosmos énergie, à la manière du guerrier qui y puise sa force. Polyglotte depuis sa plus tendre enfance, Eléa est une aide extrêmement précieuse pour le clan et son savoir a permis à de nombreuses reprises de guider les chevaliers aux cours de leurs quêtes. Cependant, l'archiviste est une jeune femme extrêmement réservée qui se méfie des hommes et du monde extérieur. Ceux qui la rencontrent lui prêtent un tempérament froid et distant. En vérité, Eléa n'aime pas être dérangée dans ses travaux et elle a plus d'affinités avec les oracles qu'avec la plupart des chevaliers qu'elle juge trop rustres. Cette distance fait d'elle un personnage mystérieux, sujet de nombreuses extrapolations...
On dit notamment que la déesse Athéna, pour compenser la réclusion du statut d'archiviste ; a offert à ses protégées un objet à travers lequel elles peuvent voir le monde sur une simple pensée, un peu à la manière des oracles. Nul ne connait la nature de cet artefact et certains avancent qu'il s'agit d'une étrange sphère de cristal quand d'autres prétendent que c'est en fait un miroir magique. Il semble que même les oracles entretiennent le mystère quand à la jeune femme qui garde le savoir de l'ordre...