Mon nom est Jolan, je suis né il y a 24 ans dans un petit village aux environs d'Athènes.
Mon enfance a été heureuse, ma famille était suffisamment aisée pour que je ne manque de rien et des liens d'amour très forts nous unissaient.
Mes parents souhaitaient que je sois prêt à affronter les dures réalités de la vie, ils m'ont donc permis d'étudier divers domaines, aussi bien les sciences que l'art du combat, auprès de villageois, un vieillard très savant et un autre homme, Zaios, qui avait participé dans sa jeunesse à quelques-unes des nombreuses guerres qui frappaient trop fréquemment le pays. Son entrainement me plaisait particulièrement, le combat à mains nues bien plus que les armes, et j'aimais surtout les phases de repos après les mouvements, pendant lesquels il me racontait les combats qu'il avait vécu et les légendes des chevaliers d'Athéna. Il soutenait d'ailleurs en avoir rencontré, et bien que je ne le croyais pas il n'en démordait pas, si bien que je finissais par me moquer de lui et que, piqué au vif, il décidait subitement de reprendre l'entrainement et en profitait pour déployer tout son talant contre moi.
Un jour, alors que nous rentrions du marché d'Athènes avec d'autres habitants du village, le chariot qui nous précédait de quelques dizaines de mètres fut attaqué par des bandits. L'homme qui le conduisait fut frappé et jeté à terre, pendant que son chariot était pillé. Les hommes du village réagirent et je me joignis à eux pour porter secours au pauvre malheureux, tandis que les femmes et les enfants restaient en arrière.
Malheureusement pour nous, bien que supérieurs en nombre, nous étions bien moins habiles et entrainés que les brigands, et ceux-ci eurent tôt fait de nous mettre en grande difficulté. Après en avoir assomé un, je faisais face à un autre quand l'un de ses comparses me donna un grand coup sur la nuque. Sonné, je regardais impuissant mon adversaire lever son glaive pour l'abattre sur moi, quand soudain...
" Poussière de Diamant! "
Je ressentis un grand froid, un souffle de vent glacé, et je vis les bandits soudain recouverts d'une fine couche de gel et emportés vers le fossé.
Eberlué, je levais les yeux, et vis une silhouette se dessiner sur le soleil.
Après un instant, pendant lequel je tentais de reprendre mes esprits et de comprendre ce qui venait de se passer, je m'adressai au mystérieux personnage :
-" Merci. Je crois bien que vous venez de me sauver la vie, ainsi que celle de mes camarades. Puis-je connaître l'identité de mon sauveur? "
- " C'est un chevalier d'Athéna! ", s'écria l'un des enfants du village.
- " Voyons, ne sois pas stupide. C'est une légende. ", lui répliquais-je.
Mon mystérieux sauveur me regarda alors, un petit sourire étrange sur les lèvres. Puis il se retourna vers l'enfant qui avait parlé :
" Je m'appelle Atso de Melk, et je ne suis pas un chevalier d'Athéna. Du moins, pas encore. Mais ce n'est pas une légende, bien au contraire, et je m'entraine dur depuis longtemps pour en devenir un, et ainsi défendre la justice. "
Je le regardais, abasourdi, puis je dus me rendre à l'évidence : le pouvoir qu'il avait montré n'était pas la force d'un homme commun, et correspondait parfaitement aux descriptions des guerriers légendaires.
Tandis que je réfléchissais ainsi, je m'aperçus que lui aussi m'observait, d'un regard assez intense. Puis il prit la parole :
" Je sens un très grand cosmos en toi. Si tu le souhaitais, tu pourrais peut-être, toi aussi, défendre la justice au nom d'Athéna. Nous avons d'ailleurs, en ces temps troublés, besoin de tous ceux qui sont prêts à se battre pour notre cause.
Mais je te préviens, le chemin pour devenir un chevalier est long et difficile. Ce n'est pas une décision à prendre à la légère. Je dois me rendre au Sanctuaire bientôt, retrouver mon maître, Liokos, pour poursuivre mon entrainement. Il pourrait t'apprendre à faire exploser ton cosmos et à utiliser le pouvoir que tu as en toi. Je t'attendrai demain soir, ici-même, à la tombée de la nuit. Si tu choisis de nous rejoindre, sois là! "
Et il disparut, comme s'il n'avait jamais été là.
De retour au village, je réfléchissais longuement à ses paroles, troublé. Moi, défenseur de la justice? C'était, évidemment, un idéal, mais avec une telle puissance? Je me mis alors à imaginer ce que je pourrais faire, les vies que je pourrais sauver ou rendre meilleures... Et le lendemain, au petit jour, je me rendis compte que ma décision était prise.
Le lendemain soir, je me préparais à partir, mais surtout, à annoncer ma décision à mes parents. Mais, en entrant dans le salon, je vis mes parents réunis et mes affaires déjà prêtes à leurs pieds.
" Pourquoi cet air surpris? N'oublies pas que nous te connaissons mieux que quiconque. Nous connaissions même probablement ta décision avant que tu ne la prennes! Sache que nous sommes fiers de toi, et que rien ne pourra jamais changer çà. "
Emu, je pris mes affaires, fis mes adieux, et partis vers le Sanctuaire, vers mon destin...
Quelques jours plus tard, arrivés à Athènes, Atso me présenta à son maitre, Liokos. Après les salutations d'usage, celui-ci me jaugea du regard et, après un long moment, finit par prendre la parole :
-" Alors comme çà, tu veux que je t'entraîne? Mais dis-moi, pour quelle raison souhaites-tu devenir un chevalier d'Athéna?"
-" Je veux défendre la justice, et porter secours à ceux qui ne peuvent pas se défendre eux-même. C'est cela, pour moi, le rôle d'un chevalier. Mais pour cela, je dois devenir bien plus fort que je ne le suis. C'est pourquoi j'ai besoin de recevoir l'enseignement d'un maître."
-" Mmmhh... Avant de décider, je dois voir si tu seras capable de supporter l'entraînement, car, Atso a du te le dire, celui-ci sera très dur. Donc, pour l'instant, je veux que toi et Atso vous battiez."
-" Nous battre? Mais..."
-" Ne t'en fais pas, c'est juste pour juger de tes capacités. Tu peux y aller sans retenir tes coups, je ne pense pas que tu sois encore capable de blesser ton adversaire. Quant à toi, Atso, vas-y doucement."
-" Très bien, allons-y."
Bien évidemment, le coup ne fut pas très long. Après avoir esquivé sans difficultés apparentes tous les coups que je tentais de lui porter, et alors que je commençais à m'essouffler, je captais à peine un mouvement de mon adversaire et me retrouvais à terre.
-" Mmmhh, pas si mal. Tu as un potentiel, je pense que tu pourrais effectivement supporter l'entrainement. Très bien, nous commencerons demain. D'ici là, reposes-toi, tu vas avoir besoin de toutes tes forces."
Dès le lendemain, et pendant une année entière, je suivis l'enseignement de maître Liokos. Il ne m'avait pas menti, ce fut très difficile, basé sur des exercices physiques quotidiens tels que la course avec des sacs de pierres sur le dos, la natation dans des torrents de montagne fougueux les mains liées, ou encore l'escalade avec une main liée dans le dos et des poids aux poignets et aux chevilles. Ces journées étaient ponctuées de leçons de combat à mains nues, qui après un temps se firent les yeux bandés. Enfin, les soirées se passaient autour d'un feu à me révéler les mystères du cosmos, commen sentir l'univers à l'intérieur de moi et le pousser à son paroxysme jusqu'à le faire exploser.
Un matin, maitre Liokos me convoqua.
-" Tu es arrivé au bout de ton entrainement avec moi, je n'ai plus grand chose à t'apprendre. J'ai reçu un message du sanctuaire, tu dois te présenter là-bas dès que possible. Peut-être seras-tu jugé digne de devenir un chevalier d'Athéna. Vas, et surtout n'oublies jamais pourquoi tu es venu."
Plein de reconnaissance, et aussi un peu d'appréhension pour ce qui m'attendait au sanctuaire, je fis mes adieux à mon maitre et me dirigeai vers la Voie Sacrée.
