L'arrivée de Landarius...

Un jeune homme s’avançait vers la voie sacrée. Le visage sale, le regard sombre et son corps montrant des signes évidents de carences alimentaires dans son passé s’accordaient avec ses vieilles loques noires afin de témoigner d’une provenance modeste.

Landarius avait fait un long chemin de Thrace jusqu’à Athènes et maintenant il voyait enfin cette Voie Sacrée, celle dont parlait le vieux Maître. Cela faisait des années qu’il s’entrainait pour ce moment.
Son objectif était simple, monter tout en haut de la montagne, guetter le moment ou Athéna l’entendrait et lui transmettre un message particulier.
Pas une prière, pas un remerciement mais une critique, voir une attaque verbale ouverte, envoyé à la face d’un Dieu de la part des hommes. Ceux-là qui naissent, souffrent et meurent en ce bas monde tandis qu’eux joue à la guerre dans ce grand bac à sable qu’on nomme le monde.
Bref, pas le genre de message qui fait plaisir à entendre. D’ailleurs, le jeune homme ne se faisait pas trop d’illusions. Il n’était pas un combattant, et encore moins un chevalier. C’était un messager au service des Hommes. En charge de cracher à la face des Dieux. Juste pour le geste. Rien que pour prouver que les humains ne sont pas des pantins.
Généralement, ces messagers font voyage mais ne reviennent pas.

Landarius était courageux, mais il n’était pas fou et il connaissait la peur. Sachant qu’il serait probablement mis à mort après avoir délivrer son message, il dû choisir un Dieu à qui le délivrer. Il avait procédé par élimination. Zeus n’était pas réputé pour être très clément dans ses mises à mort. Landarius estimait qu’il rencontrerait Hades bien assez tôt et il nageait fort mal.
Au final, Athéna s’est imposé à lui notamment par l’enseignement de son Maître ainsi que de ses parents.

- Alors la voilà enfin cette maudite montagne… C’est pas trop tôt.

Il regarda en direction du sommet aussi loin que son regard pouvait porter.

- Tellement haut… Il faut vraiment pas aimer les plaines ! Et d’abord il n’y a même pas de route pour les chariotes. Ils font comment pour monter le vin là haut ?!

Après un long soupir, Landarius se mit en route d’un pas ennuyé. A présent face à son destin, il hésitait.

- Héého ! Il y a quelqu’un ? … Je prends ça pour un « non »…

Il traversa de grands temples vides, s’arrêtant dans certains pour manger quelques figues. En s’assaillant sur des marches, il souhaitait revenir en arrière. Après tout, son village était loin et personne ne le saurait. Et si il détestait tant que ça les Dieux ne devrait-il pas les ignorer tout bonnement ? … Et puis mince à la fin, il pleut !!!

Passé outre la mauvaise volonté et les fausses excuses, il termina son ascension à bout de force. Il tomba à genou en apercevant la statue d’Athéna et en lui adressant un regard hargneux, murmura entre ses dents serrées et de profondes respirations :

- Vous voilà donc… Et maintenant on fait comment ?

Le Temple des Oracles / La cérémonie d'adoubement : la consécration pour de jeunes apprentis

Un sifflement se fit entendre. Puis, le bruit d'un souffle court, comme celui d'une personne qui aurait couru et qui serait essoufflé. C'était Étana. Cela faisait maintenant quelques mois qu'il avait été adoubé. Il était près de la statue et tentait de souffler sur une feuille pour faire une petite musique avec. Il sentit la présence d'un nouvel arrivant.

Il s'avança vers lui avec un capuchon qui couvrait la moitié supérieur du visage. Il ne portait pas sa nouvelle armure. Arrivé à la hauteur de Landarius, il resta immobile quelques instant. Ce dernier ne pouvait pas le savoir, mais Étana sondait l'air pour visualiser la forme du visage de celui qui venait de franchir la Voie Sacré.

Gardant cela pour lui, il ressentait un bien étrange cosmos, à la fois volontaire et rempli de colère. Finalement, il lui parla. La voie raisonnante d'Étana pouvait sembler étrange à Landarius, comme si elle venait de très loin et qu'elle entrait dans son cerveau. Rien ne laissait supposer qu'il lui parlait par la pensée et Landarius n'aurait pu le deviner. C'était pourtant le cas :
* Tu est nouveau, non ? Je ne crois pas t'avoir rencontré avant. Tu est venu rencontrer un Oracle ?

Landarius fit rouler ses yeux en direction autour de lui afin de voir son interlocuteur.

- Nouveau? ... Oui. Nouveau, c'est ça... Je suis venu faire... il hésitât un moment rencontrer un Oracle !

Il inspectât du regard Etana et après un moment lui adressa un sourire en lui tendant la main pour lui signifier qu'une aide à se relever ferait office de poignée de main.

- Je me nomme Landarius, et toi?

Ce nouveau venu avait un visage étrange. Ses traits étaient souriants, ses mots presque familiers mais ses yeux et sa voie trahissait de sombres pensées.

Les yeux fermés et invisibles sous la capuche, Étana avait tout de même entendu le faible courant d'air que la main de Landarius avait fait. Il compris que le nouveau venu lui tendait la main. Il tendit la sienne et l'aida à se relever.

° Mon nom est Étana. Fit-il une fois Landarius relevé et en secouant la main pour le saluer. Je suppose que ce voyage t'a éprouvé et tu dois avoir besoin d'un bon bain, comme moi, la première fois. Si tu veux être reçu par un Oracle, il va falloir te purifier dans les Thermes. Suis cette route et tu arriveras au bâtiment. On peut le voir d'ici, je pense. Je suppose qu'un bon bain purificateur ne peut te faire que du bien...

Cette fois, Landarius pouvait nettement s'apercevoir que le Chevalier ne lui parlait pas avec sa bouche car elle restait immobile. Et cette dernière phrase signifiait-il qu'Étana avait compris que le nouveau venu n'avait pas que de bonnes intentions ? Pourtant, il continuait à lui sourire avec sa capuche cachant toujours ses yeux, et il lui avait montré le chemin.

En apercevant que les lèvre de son interlocuteur ne bougeaient pas, le sourire de Landarius s'effaça. Cet homme sans armure, à priori amical, se pouvait-il que ce soit un de ces maudits chevalier? Il regarda en direction des thermes et répondit :

- Vous voudriez que je me purifie... dit-il d'un air rêveur.

En secouant légèrement la tête et d'un ton plus distant il poursuivit :

- Bien sûr ! Il ne faudrait surtout pas être crasseux devant un Oracle.

D'un signe de la tête il remercia Etana et se dirigea en direction des thermes indiquées

Les Thermes

Étana sentit s'éloigner le nouveau venu.
* Étrange... Pensa-t-il. Pourquoi ai-je la sensation de devoir me méfier de lui. Il va falloir rester prudent et garder un œil sur lui... Si je puis dire...

Personne ne pouvait entendre ses pensées, mais il sourit de ce qu'il venait de penser. Il releva alors la tête et ouvrit les yeux. Le soleil d'hiver montra ses yeux transparents sans pupille. Il respira fortement pour soupirer et reprit sa feuille pour siffler dessus. Il aimait la musique par dessus tout. Mais il continuait de suivre le cosmos de ce jeune garçon.

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