Du noir... Encore du noir... Encore et encore, sans cesse...
Un endroit de pénombre total, sans aucun bruit, sans aucune odeur, sans aucune lumière... Sans personne.
Un endroit de mort, où l'on ne cesse de tourner en rond, où l'on ne trouve ni issue, ni échappatoire. C'est ici que ère l'âme du Chevalier Jecht, ou du moins ce qu'on peut croire.
Ne comptant plus les jours, mois et années, il errait en cet endroit, seul, loin de tout.
C'est alors qu'un jour, résigné à rester là pour l'éternité, il cru apercevoir un brin de lumière. Il prit ça pour une hallucination, et n'y prêta guère plus d'attention. Peu de temps après, il cru apercevoir la même chose une seconde fois. Voulant avoir le cœur net, il décida de s'en approcher. Et plus il s'approchait, et plus la lumière semblait apparaitre rapidement, et plus intensément, jusqu'au moment où elle l'éblouissa d'un coup, et, ne pouvant lutter, sombra dans un malaise.
Pensant être réveillé, il ouvrit les yeux et vit, au-dessus de lui, un fin nuage de couleur blanche, et, bien qu'il ne pouvait y croire, apparaissait dans ce fin nuage, une vue sur le Sanctuaire de la Déesse Athéna. Il avait beau se demander s'il rêvait, cette vision était belle-et-bien là. Peu après, la vision se tourna vers un homme qui prononça un mot, puis un autre homme qui en prononça un autre, et ainsi de suite, pour former cette phrase :
"Tel est ton destin. Rien ne sert d'y résister, c'est ici que tu dois être."
"Non ...
Va-t-en loin ...
Détournes-moi de ce rêve faux et trompeur ...
Je ne peux pleurer car celui qui me console pleure encore plus que moi ...
Je ne peux mourir, moi, le lâche de ce monde ..."
"Pardonne-moi, j'ai deux visages. Un pour le Monde, un pour Athéna. Sauve-moi ..."
La vision continuait de plus belle, avant de s'approcher d'un endroit plutôt particulier...
"Ma maison était ici. Puis sont apparus ces nouvelles. Des journées remplis d'aventures, le sourire aux lèvres à chacune d'entre-elles...
Pitié, plus d'images... Ces pensées viennent d'un esprit brisé..."
Quiconque verrait l'ancien Diplomate dans cette situation le prendrait pour un fou.
Mais la vision ne s'arrêtait pas pour autant, et cette fois-ci, ce fût une personne qu'il reconnu immédiatement, l'amour de son enfance, alors qu'ils jouaient ensemble sans se soucier du futur, pourtant si proche...
"As-tu déjà entendu ce que je te disais ?
As-tu déjà lu ce que je t'écrivais ?
As-tu déjà écouté ce que nous jouions ?
As-tu déjà prêté attention à ce que le monde disait ?
Sommes-nous allés si loin pour ne ressentir que ta haine ?
Avons-nous joué pour ne devenir que des pions dans la partie ?
Es-tu si aveugle que ça, ne vois-tu donc pas ?
Tu as choisi la route la plus longue, mais saches que nous t'attendrons.
Ce n'est pas l'arbre qui abandonne la fleur, mais la fleur qui abandonne l'arbre.
Un jour tu apprendras à aimer ces cicatrices,
Toujours ouvertes après le passage de la lame brulante de tes actions."
Jecht se sentait mal, comme jamais. Tant de souvenirs remontèrent en lui, il ne pu les contenir, mais était las de son existence.
"J'ai vécu assez longtemps pour entendre retentir les armes...
Assez longtemps pour se retrouver à crier chaque nuit,
Et surtout, assez longtemps pour voir ses amis nous trahir...
Je suis tourmenté, mon esprit est tourmenté, mon cœur aussi.
Que veux-je réellement ?
S'il te plais, dis-moi lorsque mon cœur aura choisi la bonne direction..."
Il tomba sur ses genoux, fatigué de tout, et demanda pourquoi tout semblait à présent lui échapper.
"Ce n'est pas à moi de te le dire, tu sais très bien que la réponse se trouve au fond de ton cœur, c'est toi-même qui me l'a appris alors que nous n'étions encore que de jeunes enfants...
La pluie de ton cœur provient des larmes de la tristesse, blanche comme neige."
Une main sorti du petit nuage et s'approcha doucement de l'homme épuisé, comme pour l'aider à se relever.
Il saisit cette main, bien qu'éphémère, et entendu comme dernière parole avant que le nuage ne disparaisse :
"Pour l'enfant, pour la lumière, pour le cœur que tu avais autrefois, tu croiras et tu verras, tout ce que tu peux devenir."
A présent debout, essuyant ses dernières larmes, il serra son poing, rempli de volonté.
"Autrefois, mon cœur battait sur le rythme de la neige qui tombait.
Noircie par les profondeurs, il battait à présent au rythme des cendres que pouvait projeter un volcan ...
Ses cendres redeviendront peu à peu blanches, oui ..."
Et alors qu'il finissait ses paroles, une nouvelle lumière blanche éclata, et il tomba par terre...